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ENERSA WAKA-WAKA: JOUR 3

mercredi 25 mai 2011

 

On s’est réveillé à 10h00. Toc, toc, toc c’est Assane. Je lui expose les faits, il nous faut absolument la valise de Frantz. Je lui donne les numéros de l’aéroport, il appelle, ça sonne sans réponse. Le service bagage est peut-être fermé, c’est dimanche. Je lui ai dit d’appeler quelqu’un à Dakar et de lui dire d’aller regarder à l’aéroport, mais son contact ne travaille pas aujourd’hui ! Sans la valise de Frantz pas de panneaux solaires ! De plus, on doit aller à Dakar ou à Thies car je doute fort qu’on puisse trouver les équipements dont nous avons besoin à Mekhe.

Le congrès s’achève aujourd’hui. Assane nous dit qu’on va changer de chambre pour être plus à l’aise. Notre nouvelle chambre a deux lits, une table, deux chaises et sa propre toilette, avec un bol de toilette. Frantz est super content, il n’appréciait pas trop le principe de la main gauche ! Par chance, j’avais amené ma « bat-toilette », ma trousse de toilette qui contient un rouleau de papier hygiénique.
Assane me donne accès à internet dans les bureaux de Kayer. Je lui dis qu’il faut qu’on aille à Gorée. En tant qu’Haïtien qui se respecte, si je dois visiter une chose au Sénégal, c’est bien Gorée, le reste viendra après. J’en profite pour écrire un peu. On va encore perdre la journée ! Assane ne vit pas à Mekhe, mais à 5 km. Il me dit qu’il rentre chez lui et qu’on va se voir demain.
Frantz fini par trouver un chargeur pour la batterie de son téléphone, on met la carte SIM que j’ai achetée. Ca marche ! J’appelle Ibrahim à Dakar, il me dit qu’il a ouvert une boite en ingénierie de l’eau avec quelques copains. Il a un contrat actuellement en Hollande mais il compte s’installer définitivement à Dakar en octobre. J’espère qu’on aura le temps de se voir, car il part pour les États-Unis samedi. Nous, on quitte dimanche.
Entre temps, Frantz a eu le temps de parler un peu plus avec Assane, il lui a expliqué ce qu’on faisait. Assane est vraiment content qu’on soit là.
Vers 6h00, on sort du centre, la température a baissée pire qu’hier soir. On va voir Abdallah et Fadou dans le cyber café. On discute un peu, on parle de nos pays respectifs. Ils me demandent comment est la vie là-bas. Fadou doit rentrer chez lui pour aller prier, Abdallah va fermer pour faire de même. Il nous propose de venir partager le repas avec lui et sa famille. La Teranga. OK, appelle nous après la prière.
On arrive chez Abdallah, tout le monde est à table, ou plutôt à terre. Il nous présente à son père, il vit avec la famille élargie, frères, sœurs, tante, cousin, neveu etc, il y a aussi des jeunes des campagnes avoisinantes qui sont venus à l’école à Mekhe qui habitent chez lui aussi.
Il nous met un plat par terre, mais il nous tend des cuillères, ça ne sera pas avec les doigts. Du poisson séché avec du riz. Ensuite on va s’asseoir dans sa chambre, il regarde des vidéos de musiques américaines sur son ordinateur portable. Il n’est même pas conscient des dommages irréparables que ce processus d’acculturation va provoquer chez lui et au (Sénégal bien sur). D’ailleurs il a le style pantalon anba mounda !
En deux jours, j’ai fait plusieurs remarques. La mendicité est quasi inexistante à Mekhe. Un seul mendiant m’a accosté. Les « vieux » s’expriment mieux en français, plusieurs jeunes ne parlent pas français du tout. Il y a trois types de vêtements à Mekhe : islamique, africain et occidentale. La pratique du pèpè existe surement, je vois des jeunes avec des T-shirt des clubs de foot Juventus de Turin et Milan AC, je doute fort qu’ils aient pu les commander sur internet. Les filles adorent les vetements moulants, pour laisser ressortir leurs courbes. Elles n’ont pas de ventre pour la plupart. La plus part ont des grosses fesses, les maigrichonnes sont moins nombreuses.
Les bus, sont moins bondés et le système de transport semble mieux organisé. Je vois 2 types de bus, des bus présentables avec un siège par passager et des bus délabrés qui on des bancs et qui ressemblent plus à des « rache pwèl ». Pas de « riyèl ». Le coût de la vie est moins élevé. Un ticket de bus Mekhe-Dakar coute 700 F, moins de 2$ US pour 2h00 de route, (environ 70 gourdes), 1.5 litre d’eau traitée en bouteille pour 400 F moins de 1$US (moins de 40 gourdes). Après chaque repas, il reste plein de nourriture dans le plat ! Je ne vois pas de trace de famine ici.
Je suis entrain d’écrire, le résumé de la journée, Frantz est déjà couché, mon ventre commence à bouillonner…
 
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ENERSA WAKA WAKA: JOUR 2

mercredi 25 mai 2011

 

ENERSA WAKA WAKA: JOUR 2

 
 
Je me réveille à 11h00, (6h00 à Port-au-Prince). Toujours pas d’argent sur mon portable. J’entends des gens dans la cour, des femmes en tenue traditionnelle. Une qui tisse une toile et les autres qui font à manger. Je demande pour Assane, le responsable solaire à la Kayer, il est en réunion. Je ne veux pas déranger la réunion, ils sont des dizaines dans la salle. Je vais attendre. Bon, je retourne dans la chambre. Frantz dort encore.
Je décide d’aller faire un tour dehors. Deux objectifs: un convertisseur 110/220 et une carte GSM.
Je m’arrête à la boutique d’en face, la fille ne parle pas français. En plus elle me fait comprendre qu’elle n’a plus de carte. Je marche un peu plus loin, je vois une pancarte TOTAL à 500 m. La station d’essence a surement “la boutique”. Je longe la route en sentant tout les regards sur l’étranger qui se ballade avec sa caméra. Le soleil est comme à la maison, ça ne dérange pas trop. Je transpire comme d’habitude, rien de nouveau de ce coté là. Arrivée à la station, je demande si je peux échanger des euros contre des franc CFA. Le type me dit 625, je lui ai dit que le taux official c’est 650. Il insiste 625. OK je change 50 Euros. J’achète deux bouteilles d’eau pour 800 francs. Je traverse la rue pour acheter une puce GSM pour 1 000 F avec 1 000 F de crédit inclus. Diagne avait raison ! Je demande pour un convertisseur, le type m’indique une quincaillerie plus loin. Je me fais accoster par un mendiant, il veut prendre un bus pour rentrer chez lui, il a besoin de 150 F. Je lui donne ma monnaie de 200 F.
J’entre dans la quincaillerie, ils vendent des convertisseurs, je vais pouvoir recharger mon téléphone et mon ordinateur portable. En rentrant au Centre de UGPM, j’ai fini par voir la différence avec la route nationale chez nous. Ce n’est pas comme l’autoroute à Dakar, c’est une route à 2 voies, mais à la différence que les maisons ne sont pas collées sur la route, il y a au moins 10 mètres de distance! Et ça donne une impression plus dégagée, moins bidonville.
 
 
Je rentre dans la chambre, Frantz dort encore. J’essaie de me connecter à Internet, mais ça ne marche pas. Je vois le réseau de UGPM, non sécurisé, mais je n’arrive pas me connecter. Je branche mon téléphone et je m’allonge. Il y a du bruit dehors, Assane se présente enfin. C’est l’heure du diner, les femmes portent de superbes tuniques africaines. Assane m’explique qu’il y a un congrès sur l’avenir des exploitations agricoles familiales et qu’on se voit après, vers 15h00. Entre temps on va manger, Assane nous amène des cuillères. C’est l’heure de tester la Teranga, la fameuse hospitalité sénégalaise. Je lui demande pourquoi faire. J’insiste, je mange à la traditionnelle, un plat commun par terre avec la main droite (jamais avec la main gauche, vous comprenez pourquoi j’espère). On prend une poignée de riz avec la main droite on la presse jusqu'à en faire une petite boule avant de la manger. Mes hôtes disent que Frantz est plus doué que moi pour manger à la sénégalaise.
J’explique à Assane que nous devons retourner à Dakar pour la valise de Frantz sinon pas de panneaux solaires. Il me demande d’attendre la fin de la réunion. On retourne se coucher dans la chambre en attendant la fin de la réunion. On se réveille, il est 18h00 passé, il y a quelques paysans qui sont venus pour le congrès et qui logent dans le centre également. Assane est sorti mais il va revenir. On discute avec les gens, toujours pas, d’Assane. On décide de sortir pour aller manger, un Sénégalais assez âgé nous dit de faire attention. D’après ce que j’ai lu, il n’y a pas de bandits à Mekhe, mais il nous dit de faire attention aux escrocs.
OK !
Le soleil est déjà couché et la nuit est plus fraiche, 22 degrés tout au plus. Frantz a pris sa veste. Par contre, le jour, il fait aussi chaud qu’en Haïti.
On passe devant un cyber café où on joue du zouk. Du zouk en wolof ! Histoire de briser la glace et de joindre l’utile à l’agréable, je prends une connexion pour 30 minutes. Ca coute 150 F. La connexion est trop lente, j’arrive à peine à me connecter sur yahoo. Mes 30 minutes passent, on engage la conversation avec le gérant du cyber café, un jeune pas plus de 25 ans. Histoire de tester la Teranga. On lui explique qui on est et qu’on cherche un restaurant pour manger. Il nous dit qu’il y en a un un peu plus loin sur la route, il suffit de marcher tout droit.
-Qu’est ce qu’il y a faire un samedi soir à Mekhe ?
- Vous voulez aller en boite ?
- Si possible oui
- Vous êtes où ?
- On loge à l’UGPM.
- OK je passe vous prendre à minuit.
- OK, on va manger on te fera signe à notre retour. Tu nous conseilles quoi comme plat ?
- Vous aimez le poulet ?
- Oui
- Alors prenez le poulet
- OK à tout à l’heure.
 
En marchant le long de la route nationale à la recherche du restaurant, Frantz m’avoue qu’il a du mal à croire qu’il est en Afrique ! C’est comme si j’étais dans un rêve me dit-il et que j’allais me réveiller à Port-au-Prince. Il est 10h00 passé, il y a beaucoup d’activité sur la route, beaucoup de marchandes de thé, les petits magasins sont encore ouverts, les bus sont en train de se remplir. On trouve un restaurant un peu plus loin, on est les seuls clients, on commande 2 poulets. Riz blanc pour moi et frites pour Frantz. J’explique à Frantz qu’à part la langue c’est la même chose. Pas besoin de changer de mode de vie vraiment ici.
 
On fini de manger, on repasse devant le cyber café et on dit à Abdallah qu’on l’attend à l’UGPM. Ici, les « magasins » sont encore ouverts, il est plus de 23h00. En grande majorité des magasins de chaussures.
 
Dans le centre, on s’installe avec nos voisins dans l’autre chambre. On discute de politique, ils nous parlent de notre nouveau Président, le chanteur. On parle du Président Wade qui joue avec la constitution pour garder le pouvoir. Contrairement à ce que dit l’Opposition, Wade a vraiment gagné aux dernières élections. Il veut se faire remplacer par son fils Karim, mais les gens ne le veulent pas. Il a été battu aux élections pour la mairie de Dakar. Les Sénégalais ne veulent pas d’une succession dynastique. Le plus âgé nous dit que Wade a bien travaillé quand même. Dakar avant et maintenant ce sont deux villes différentes. J’espère qu’on aura le temps de visiter la capitale. Par contre ils me disent qu’il a échoué dans le monde rural. Mais il a promis l’autosuffisance alimentaire en 2015 je crois ? Ils me disent que ce ne sera pas au profit des paysans. Bon je n’insiste pas trop.
 
Abdallah est arrivée, les Sénégalais le « convoque ». Dialogue en wolof. J’ai bien compris le sens de la conversation, nous sommes leurs invités et donc il doit faire attention. Mais la ville est sure, je n’ai même pas vu un policier durant la journée. Abdallah habite tout près, on va chercher deux de ces copains. Le temps de changer ses chaussures et on part. Il y a 3 de leurs copines qui sont derrière la barrière entrain de nous attendre. Bon ici, dans un pays islamique, on est assez loin de la Charia. Leur accoutrement, petites jupes, robes et T-shirt moulants rappelle un peu plus Miami Beach que Ryad. Je me demande comment on peut se balader comme ça dans un pays musulman. Je ne suis là que depuis 24h00…on verra.
On quitte la nationale pour rentrer dans le village, le sol est sablonneux avec quelques vestiges d’asphalte par endroit. On passe devant l’Hôtel de Ville, la grande mosquée, le marché, l’ancienne gare ferroviaire pour finalement arriver devant la boite. Il y a plein de jeunes dehors, tout le monde attend. C’est comme ça ici ! On attend pour voir si ça sera bon pour rentrer. Les filles rentrent d’abord, ensuite elles ressortent ! Finalement Abdallah nous dit qu’on peut rentrer. 700 F le billet.
 
La boite est presque vide. Une grande piste rectangulaire moins de 100 mètres carrés, un podium légèrement surélevé de 2 marches, une boule lumineuse au sol!! (m’mande kijan yo pral fè pou pa choute’l) et deux haut-parleurs qui grésillent légèrement. Les bancs sont en béton le long du mur. Pas de ventilateur, avec quelques fenêtres pour l’aération. Ca fait un peu bunker.
 
Ici le style « pantalon anba mouda » s’est imposé également ! La machine de l’acculturation américaine broie tout ce qui passe.
 
Au fur et mesure la boite se remplit, le DJ a retiré la boule au sol, heureusement, le zouk sénégalais est remplacée par la mbala, une musique traditionnelle. Mes amis me disent d’aller danser, j’observe avant de me lancer sur la piste, en fait je vois que c’est du « free style » ! Pas très compliqué. Je monte sur la piste en faisant des mouvements dans tous les sens. M’ap fè makak ! Nos amis disent que je me débrouille pas mal. Frantz est timide. Il ne fait que rigoler en me voyant danser le mbala.
 
La musique change au zouk ! Les gens ne savent pas danser le zouk ! Ils font du plogue ou du semi-plogue ! Les filles se déhanchent pas mal mes les hommes ont du mal à suivre. A voir des jeunes musulmans enlacés ainsi, le Prophète doit se retourner dans sa tombe. Ici, c’est la guerre pour trouver une partenaire, la proportion est de 5-6 hommes pour une fille ! Une fille qui passe devant moi se fait attraper par 3 types ! Yo chak ap rale’l sou bò pa yo. ha ha ha ! Elle fini par sortir de son guêpier pour se faire harceler par d’autres…
 
Abdallah me présente une de ses copines, je n’ai pas trop bien saisi son nom, peu importe. Je la prends pour aller danser. Mon style est complètement nouveau pour elle. Elle n’a pas l’habitude de circonvolution, elle est un peu raide. Bon ! Je n’arriverai pas à déployer mon art. Mon style « design » attire un peu l’attention, les gens me regardent danser ! Frantz vient me dire de ne pas monter le niveau pour éviter des problèmes, bon je n’ai pas vraiment le choix, la cavalière n’étant pas de taille. Entre temps, le club s’était rempli, la chaleur se fait sentir, après 3 danses, mon T-shirt a atteint son état normal c'est-à-dire complètement trempée. On va acheter à boire, pas d’alcool ! Uniquement coca, fanta, et kola. L’islam est à géométrie variable ici! Les gens ne consomment pas, habituellement, le bar est là où le propriétaire se fait de l’argent mais ici, on dirait que non.
 
La chaleur est étouffante et j’ai du mal à trouver une fille pour danser. Ca ne vaut pas la peine de rester. M’di nèg yo an’n ale. En marchant, je fais la remarque sur l’accoutrement des filles à Abdallah, il me dit que des fois elles sortent avec d’autres vêtements et vont se changer chez des copines ! Islam ou pas, les techniques de ruses n’ont pas changé.
 
On arrive à l’UGPM à 3h00 du matin, le gardien n’avait pas mis le cadenas. Nou rantre n’al domi.

Jean Ronel Noel, Dakar/Sénégal

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Carnet de Voyage

mercredi 25 mai 2011

ENERSA WAKA WAKA: JOUR 1

 
Le 19 mai à 4h00, on nous dépose à l’aéroport de Port-au-Prince, le vol est à 17h50. Destination Sénégal. Je voyage avec un de mes employés, Frantz Derosier. Il est assez calme pour son baptême de feu en avion, on s’enregistre, on passé les formalités douanières et on s’installe dans la salle d’attente.
Le temps  est couvert, il y a une grosse pluie qui s’annonce. J’espère qu’on aura le temps de décoller avant. Malheureusement non! La pluie a commencé avant le signal d’embarquement, une vraie pluie tropicale.
Dernières vérifications avant de monter dans l’avion, ensuite on monte dans le bus qui doit nous amener à l’avion. Air Caraïbes n’a pas d’accès à la passerelle, il nous faut donc monter par l’escalier- non couvert! La pluie n’a pas baissé d’intensité, ça fait 20 min qu’on est dans le bus, quelques passagers et moi demandons que le bus nous amène à l’avion, on montera l’escalier sous la pluie, aucune raison de rester planter là. Le contrôleur accepte et le bus démarre. On se précipite sur l’escalier pour ne pas être trop trempé.
Dernières vérifications des membres de l’équipage et on s’installe à nos places. La pluie est toujours aussi forte mais on a terminé l’embarquement.  A 19h40 l’avion décolle enfin. Port-au-Prince – Paris sans escale.
Frantz est étonnement calme pour un premier voyage. Je le regarde au moment de l’ascension, il ne se cramponne pas, malgré les zones de turbulences, car la pluie n’a pas cessée. J’ai vu un avocat beaucoup plus stressé que ça ! Il me dit qu’il n’aime pas la sensation de chute libre! Je lui montre comment utiliser l’écran qu’il a devant lui pour choisir un film c’est tout.
On nous sert à manger, Frantz ne peut terminer son plat! Ca se comprend. Un membre de l’équipage nous dit qu’il y a de la place derrière et qu’on peut changer de siège pour être plus à l’aise. Je laisse Frantz et je m’installe sur 3 sièges. Je lui conseille de dormir un peu car la route sera longue. Je m’endors un peu, à mon réveil Frantz dors également. Finalement il se réveille, il fait encore nuit. On discute un peu des informations atmosphériques affichées à l’écran. Dire que Noé était à 29 000 pieds d’altitude dans un bâteau en bois à -40 degrés! Sacrée technologie pour l’époque!
Je retourne à ma place pour continuer à dormir. A mon réveil, il fait jour, il nous reste 1h30 environ avant d’arriver à Paris. Je vois un type qui vient des fois à Presse Café. Entre pressecafique, on se connait. C’est un Haïtien qui s’appelle Frantz également, il vit à Paris. Il me file sa carte et me demande de l’appeler à notre retour. On reste 3 jours à Paris au retour.
L’équipage nous sert le petit déjeuner, Frantz n’a toujours pas d’appétit. Il regarde par le hublot car on est au-dessus de la France maintenant. Finalement on atterrit à Orly à 11h00, heure locale. Il est 4h00 du matin à Port-au-Prince. On passe les formalités douanières, on vérifie bien que nos valises sont en transit pour Dakar et on va aux informations. Il est 12h30 et le vol pour Casablanca est à 19h20! On a trop de temps pour l’escale et pas assez pour la ville. La dame m’explique les différentes options pour me rendre au centre de Paris. Je prends la plus sure. Le car Air France qui nous dépose à la place de l’Etoile et a un départ toutes les 20 minutes. Le Guinéen qui met les bagages dans le bus nous dit que c’est la meilleure option pour être sûr de ne pas râter le vol. Mon portable a fonctionné pour quelques minutes, même le service Blackberry marchait et puis dans le bus, plus rien! J’ai eu le temps de contacter Stéphan à NY, il m’a envoyé le numéro d’Ibrahim qui, par chance, se trouve actuellement à Dakar. Ibrahim a été à l’université avec nous à Montréal.
Le bus démarre, presque vide. Première remarque de Frantz, le bus démarre à l’heure peu importe le nombre de passagers! Il regarde par la fenêtre, très pensifs…
Il se retourne vers moi et me dit “Bòs, nou lwen dèyè wi”. Je lui ai dit d’attendre un peu car on est encore loin du cœur de la ville. Le bus nous dépose devant l’Arc de Triomphe, le trajet dur 1h00, on doit quitter au plus tard à 16h00. Voir la Place de l’Etoile à la télé et la voir en face sont deux choses différentes.
En fait le cœur de Paris est comme un musée géant où chaque maison est une pièce de collection. Regarder les Invalides en face, c’est vraiment impressionnant, une superbe œuvre architecturale. Il faut savoir que je ne suis pas très “artistique”, mais ça c’est autre chose. On surveille l’heure, il faut manger avant de retourner à l’aéroport. On rentre dans un petit restaurant bondé, la plupart sont des touristes Espagnols. Deux Africains nous invitent à nous asseoir, ils essaient de deviner d’où nous sommes. Ils ne reconnaissent pas notre accent. Quand le premier apprend qu’on est Haïtien, il nous parle de notre nouveau Président et nous dit qu’il attend beaucoup de lui! Il me demande ce que je fais à Paris, je lui dis qu’on va à Dakar pour donner une formation sur la fabrication des panneaux solaires. Il se présente : Octave, travaille à l’ambassade du Togo, il dirige une ONG et me demande si je serais intéressé à venir au Togo pour faire la même chose! Je lui file une carte, et lui dit d’aller voir notre site : “On ne vend pas du solaire, on vend un modèle de développement. Envoyez-moi un courriel”. Voyage au Togo bientôt?
On va voir de plus près l’arc de Triomphe, des centaines de touristes sont là en train de prendre de photos! Je me suis dit qu’on a une Citadelle que même les Haïtiens ne vont pas visiter, ils connaissent Miami, New-York, Saint-Domingue mais n’ont jamais visité le plus grand fort de la Caraïbes! En plus ils en parlent le plus normalement du monde sans aucune honte. La honte est un sentiment noble disait Marx.
Le temps avance, on reprend le bus pour retourner à l’aéroport. Le bus passe devant “les Invalides”, encore une fois la vue est magnifique! Quarante minutes plus tard, on est de retour à Orly sud. On s’enregistre au comptoir de la RAM direction Casablanca. On me fouille au poste de sureté, mon carry-on contient une boite de cellules photovoltaïques! La dame passe le tissu, puis le met dans la machine! Bon ! Ce n’est pas de la matière explosive. On prend le vol pour Casa avec quelques minutes de retard. Je suis crevé, j’ai dormi tout le long du vol, je me suis réveillé à l’atterrissage. Le douanier marocain a encore vérifié mes cellules. Une heure d’escale avant d’embarquer pour Dakar. Mon portable fonctionne mais je n’ai plus de crédit. Je ne peux envoyer de SMS en Haïti. Par contre pas de service blackberry.
Vol sans aucun problème. On discute avec notre voisine, une étudiante sénégalaise qui vit à Bordeaux. Je dors un peu dans l’avion et je me réveille lors de la descente. Finalement samedi 21 mai, à 1:00 heure locale, on atterrit à l’aéroport Léopold Sedar Senghor. Il est 20h00 à Port-au-Prince.
On remplit les papiers, on passe l’immigration sans trop de questions. On va récupérer les bagages. Après 1h on est bien obligé de constater que la valise de Frantz n’est pas rentrée! C’est assez embêtant car c’est lui qui a les filaments de cuivre. Je vais au service de bagages, je remplis les papiers, la fille me dit qu’il y a un vol qui arrive à 5h00 peut-être que le bagage y est. Je demande à faire un appel, j’appelle Diagne, le chauffeur qui doit venir nous chercher, il est dehors il attend. Je sors, mon carry-on passe au scanner, le douanier me demande ce que c’est ? Des cellules photovoltaiques.
Mon téléphone marche, mais je n’ai plus de crédit. On sort, en principe Diagne doit avoir une pancarte, je ne le vois pas. Scène familières, des chauffeurs de taxis, nous demande où on va. Des gamins veulent nous vendre des puces GSM, je leur dis que j’attends quelqu’un. Il y en a un qui me dit de lui donner le numéro, il va l’appeler. Il y a un gendarme qui arrive, petit mais très autoritaire.
 Qu’est ce qui se passe?
 C’est rien, ils sont juste en train de me donner un coup de main.
Il semble que la police ne tolère pas qu’on dérange les étrangers. Le flic reste planté la. Diagne répond, il nous fait signe qu’il nous voit. Lorsqu’il arrive vers nous, à ce moment, le flic nous salue et s’en va.
On suit Diagne jusqu’ à sa voiture. Comme à la maison, il y a des mecs qui veulent tirer les valises, ils veulent nous aider à les mettre dans la voiture. Je demande à Diagne quoi faire. Il me dit donne 1 000 francs à celui qui l’a appelé. Je n’ai pas des francs, alors je lui donne 2 euros. Un type m’a proposé une puce GSM pour 5 000 francs avec 3 000 francs de crédit, Diagne me déconseille de l’acheter! Frantz à un peu d’argent sur sa carte, j’envoie un SMS à Port-au-Prince pour qu’on renfloue nos téléphones.
On quitte l’aéroport, j’entends un coup de sifflet de la police. Diagne ne s’arrête pas! Oh, Oh. Au prochain carrefour, un flic lui fait signe d’arrêter. Celui au sifflet arrive aussi, Diagne doit descendre. Dialogue en wolof, tout va bien, on l’a pris pour quelqu’un d’autre. On peut repartir, on prend une autoroute à 6 voies qui rappelle plus les routes des villes nord américaines que celles d’un pays du tiers monde: tracée et éclairée. On refuse le centre de Dakar, on prend direction Thies. A la sortie de la ville, la route est redevenue à 2 voies. Il est 3h00 du matin, mais je vois quand même que la route fait moins tiersmondiste. Les immeubles qui la longent sont un peu plus business. On passe devant une énorme cimenterie! Il y a des autostoppeurs en pleine nuit un peu partout sur la route! Quand on passe dans les villages, on voit les tréteaux des marchandes, là on reconnait le Tiers monde. Bizarre, les fruits sont là sur les étagères!
J’ai du mal à garder les yeux ouverts, je m’endors. Lorsque Diagne me réveille, on est devant la barrière de l’UGMP (Union des Groupements des Paysans de Mehke) ceux qui nous ont fait venir. Le gardien nous ouvre, il est presque 5h00 et le muezzin vient de lancer l’appel à la prière. Le gardien nous montre notre chambre, une petite chambre avec uniquement quatre lits, des moustiquaires et un ventilateur au plafond. Il nous indique les douches et les toilettes. Des toilettes turcs (comme des latrines en porcelaine) pas de papier, on se lave avec la main gauche (pas la droite) comme c’est écrit dans le Coran. Après plus de 24h00 de voyage, pas vraiment le temps de faire “l’intéressant”. Je mets mon moustiquaire et je m’allonge.
 
 
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Chers-es internautes,

Nous lançons notre nouveau blog aujourd'hui lié au site Mapou-Haiti. Visitez-le régulièrement et nous essayerons de vous tenir informé sur des sujets hors du commun. Cette semaine nous débuterons avec les expériences d'un jeune entrepreneur haitien qui a mis son expertise dans l'énergie solaire au service des frères sénégalais en Afrique. C'est une histoire riche en couleur. Le récit est simple et captivant. Vous aurez droit tous les jours à un récit sur les choses et les actes ayant marqué sa visite au Sénégal. Tous ceux et toutes seules qui sont intéressés-es à publier leur histoire, veuilleuz nous écrire à l'adresse suivante : amejolie@live.com

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