A titre de Rappel : Les haïtiens investissent plus d’un milliard de dollars en République Dominicaine, révèle l’ambassadeur dominicain en Haïti

Les capitaux haïtiens sont particulièrement importants dans les banques et les établissements touristiques, selon José Serulle Ramia et son épouse Jacqueline Boine, deux économistes favorables à un accord de libre-échange haïtiano-dominicain

Publié le mardi 24 juillet 2007

 

Les relations économiques entre Haïti et la République Dominicaine ont connu ces dernières années une croissance continue et les investissements du secteur privé haïtien dans l’économie voisine sont désormais supérieurs à 1 milliard de dollars, a déclaré l’ambassadeur dominicain à Port-au-Prince, José Serulle Ramia.

Egalement économiste, le diplomate dont les propos ont été rapportés mardi par l’agence en ligne dominicaine Espacinsular s’exprimait le week-end dernier lors d’une conférence prononcée à l’Université Autonome de Santo Domingo (UASD) sur les relations économiques bilatérales.

"Beaucoup de gens ne savent pas que les invetissements des haïtiens dans notre pays dépassent les 1.000 millions de dollars", a affirmé l’ambassadeur Serulle qui a prôné l’établissement d’un accord de libre-échange entre les deux républiques de l’île d’Haïti ou Quisqueya.

Il a cité les zones franches, les banques commerciales et l’industrie touristique parmi les secteurs qui attirent le gros des capitaux haïtiens.

De plus, le charmant diplomate dominicain souligne que nos compatriotes achètent des maisons, des appartements, des fermes et des véhicules en fonction des ressources économiques dont ils disposent.

Cette comptabilité inclut également des villas et résidences d’été que possèdent des haïtiens très fortunés. Ils se rendent régulièrement en République Dominicaine où ils passent de longs week-ends en famille dans des cadres enchanteurs.

Intervenant sur cet aspect, la femme de l’ambassadeur Serulle, Jacqueline Boine, économiste aussi de formation, a fait savoir que "le tourisme haïtien gagne de plus en plus en importance de l’autre côté de la frontière". Les membres de la diaspora haïtienne établis en Amérique du Nord et en Europe y passent souvent leurs vacances avec leurs familles vivant en territoire voisin ou qu’ils font venir d’Haïti.

Elle a, en outre, indiqué que les relations économiques ne se limitent pas seulement à des échanges de biens et de services, mais s’étendent à des investissements conjoints d’hommes d’affaires haïtiens et dominicains". L’économiste, qui dirige la fondation Ciencia y Arte, cite en exemple la zone franche CODEVI établie entre les villes frontalières de Ouanaminthe et Dajabòn et qui emploie 2.000 ouvriers haïtiens.

Madame Boine reconnaît, par ailleurs, que l’immigration haïtienne est d’une contribution inestimable au développement économique de son pays. "Les travailleurs haïtiens apportent beaucoup à notre économie", a-t-elle expliqué.

Les transports, les petits restaurants, hôtels et pensions de la zone frontalière et les activités commerciales constituent également des filières qui génèrent des rentrées importantes.

"Sans nul doute, les activités du marché binational de Dajabòn ont généré une croissance financière pour les banques et les prestataires de services informels", a poursuivi Jacqueline Boine.

Citant les statistiques de l’administration générale dominicaine des douanes, José Serulle Ramia et sa femme ont mis en lumière le grand déséquilibre qui caractérise les exportations et importations entre Haïti et la République Dominicaine. "Par rapport à Haïti, la République Dominicaine a une balance commerciale largement favorable qui a dépassé les 300 millions de dollars l’année dernière", ont déclaré les conférenciers en rappelant que Port-au-Prince demeure pour Santo Domingo le troisième marché d’exportation après les Etats-Unis et la Corée du Sud. Le textile, les matériaux de construction, les aliments frais et les conserves figurent parmi les principaux produits importés en Haïti.

En revanche, les exportations haïtiennes en république voisine ne totalisent que 11 millions de dollars chaque année. Les principaux produits vendus sont des mangues, du café, du clairin à base de canne à sucre et le rhum Barbancourt.

Cette importante conférence des époux Serulle a été introduite par le recteur de l’Université autonome de Santo Domingo, Roberto Reyna. Les responsables académiques de la faculté des sciences économiques et sociales et environ 200 étudiants se trouvaient dans l’assistance.

Outre les domaines susmentionnés, il convient de signaler l’augmentation spectaculaire de la population des étudiants haïtiens admis dans les universités dominicaines. Ils seraient aujourd’hui plus de 10.000 dont le séjour d’études et les commodités y afférentes nécessitent des débours qui créent un énorme trou dans le budget mensuel de nombreuses familles d’ici.

Radio Kiskeya