Décès Duvalier: La lutte se poursuit, selon l'ASFC
Pour l’organisation canadienne Avocats sans frontières Canada (ASFC), la mort de l’ancien dictateur d’Haïti, Jean-Claude Duvalier, ne met pas un terme aux poursuites contre les principaux responsables des graves violations des droits humains commises sous le régime duvaliériste. Pour l’ASFC, les autorités haïtiennes ont l’obligation d’enquêter sur les graves violations des droits humains commis sous le régime Duvalier, de poursuivre et de juger les personnes qui en sont responsables.
Selon Avocats sans frontières Canada (ASFC), principal partenaire du Collectif contre l’impunité en Haïti, qui regroupe la plupart des plaignants contre l’ex-dictateur et ses principaux collaborateurs, « plus que jamais, le droit à la justice et à la réparation de ses victimes doit être pleinement respecté et mis en œuvre ».
« Si la mort de Jean-Claude Duvalier suscite chez les plaignants un amer sentiment, il ne fait que renforcer leur détermination à obtenir justice et réparation », a déclaré l’ASFC dans un communiqué le 4 octobre 2014.
La lutte contre l’impunité se poursuit
À cet égard, Maître Pascal Paradis, Directeur général d’ASFC rappelle que « la mort de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier ne marque pas la fin de la procédure judiciaire engagée en Haïti pour faire juger les plus hauts responsables des violations graves des droits humains qui ont été commises sont déroulés de 1971 à 1986. Nous sommes solidaires du Collectif contre l’impunité et des plaignants, et restons déterminés à poursuivre la lutte contre l’impunité ».
ASFC tient à souligner que la procédure judiciaire vise non seulement l’ancien « Président à vie», mais également certains de ses proches collaborateurs, parmi lesquels Jean Valmé, Rony Gilot et Emmanuel Orcel.
Si l’action judiciaire contre la personne de Jean-Claude Duvalier est éteinte, celle contre ses proches collaborateurs n’est pas affectée par cette disparition, et il est de l’obligation des autorités haïtiennes de tout mettre en œuvre pour que le droit des victimes à obtenir justice et réparation soit pleinement respecté. Dans une récente décision capitale, la Cour d’appel de Port-au-Prince exigeait d’ailleurs que l’enquête vise l’ensemble des personnes inculpées.
Haïti doit respecter ses engagements internationaux
Me Pascal Paradis rappelle que « le dossier actuellement en cours ne peut pas être fermé. Les autorités haïtiennes ont l’obligation en vertu du droit haïtien et du droit international d’enquêter sur les graves violations des droits humains et de poursuivre et juger les personnes qui en sont responsables, ce que la Commission interaméricaine des droits de l’Homme leur a d’ailleurs rappelé en 2011 ». La communauté internationale a également l’obligation de s’assurer qu’Haïti respecte ses engagements internationaux en matière de lutte contre l’impunité à l’égard des responsables de violations flagrantes du droit international des droits humains.
La mort de l’ex-dictateur ne met pas non plus un terme au travail de reconstitution de la mémoire collective sur le régime Duvalier. « Ce travail de mémoire collective est fondamental pour les Haïtiennes et les Haïtiens » a souligné Danièle Magloire, coordinatrice du Collectif contre l’impunité, partie civile dans la procédure contre les principaux dirigeants du régime duvaliériste. « Ces documents retrouvés, ces témoignages apportés, ces paroles échangées participent eux aussi à la lutte contre l’impunité et contribuent à la création d’une société démocratique en Haïti, capable d’affronter son passé pour mieux construire son futur ».
NancyRoc.com avec l’ ASFC