La régénération des plantations caféières, possible avec 100 millions de dollars

70 000 hectares de café dans le pays méritent d’être régénérés. Aucune solution n’est envisagée par les autorités concernées pour en finir avec ce problème qui entrave les plantations caféières depuis plus d’une vingtaine d’années. L’agronome Jean Chesnel Jean, coordonnateur du projet Kore Kafe, dénonce la passivité des autorités. Selon lui, pour résoudre ce problème, il suffit de mobiliser 100 millions de dollars américains.  

 Les plantations caféières dans le pays ont, pour la majorité, plus de 50 ans. Pourtant, elles devraient être régénérées chaque quinze ans. Ce devoir échappe depuis quelque temps aux autorités haïtiennes. Au cours de ces vingt (20) dernières années, les autorités ne travaillent pas vraiment à l’établissement de nouvelles ni à la régénération de celles existant depuis longtemps. Ce constat qui s’impose ne laisse pas dans l’indifférence le coordonnateur du projet Kore Kafe, l’agronome Jean Chesnel Jean. « Il y a un besoin de régénération qui se manifeste pour environ 70 000 hectares en café.

 Personne ne voit la nécessité de se pencher sur ce problème au niveau de nos dirigeants. Pourtant cette vieillesse a un impact négatif sur la production. Le rendement à l’hectare diminue considérablement », a-t-il affirmé, saluant les efforts des coopératives de production qui n’ont jamais baissé les bras dans les moments difficiles. Certaines actions isolées ont été menées en ce sens, mais elles n’ont touché que moins de 10% des plantations caféières, selon le document stratégique du développement de la filière café élaboré par le ministère de l’Agriculture, l’Institut national du café d’Haïti (INCAH) et la Banque interaméricaine de développement (BID) en mai 2011. Plus de deux ans après, le problème relatif à la vieillesse des plantations n’est pas abordé.

Selon le coordonnateur de Kore Kafe, la régénération des plantations caféières ne devrait pas être un défi actuellement. Elle nécessite tout simplement un crédit à long terme et de l’encadrement technique. « Le café est une filière stratégique pour le pays tant au point de vue historique et environnemental. Mais, l’Etat n’investit pas vraiment dans cette filière », a-t-il souligné, estimant que le crédit café lancé récemment avec un montant aussi infime que cinq millions de gourdes ne va pas porter de fruit. Dans le cadre de l’expérience Kore Kafe, les responsables du projet sont entrain de régénérer plus de 8 000 hectares. Pour chaque hectare, il faut environ 1 500 dollars américains pour faire une régénération. « Pour régénérer un hectare en café, le projet dispose de 1 500 dollars américains.

Donc, si les autorités étatiques entendent adopter la même stratégie que nous, il leur suffit de mobiliser environ 100 millions de dollars américains pour régénérer tout le verger caféier en Haïti », a avancé Jean Chesnel Jean, souhaitant que le gouvernement puise dans le fonds PetroCaribe pour financer cette activité. Le café est cultivé dans des « jardins créoles » où il est notamment associé à de l’igname, des bananiers, des arbres fruitiers et des espèces forestières. Le coordonnateur du projet Kore Kafe croit que le gouvernement doit tenir compte de cette réalité dans le cadre du crédit qu’il offre aux producteurs. La construction de piste agricole dans les zones caféières et des actions pour empêcher que le café traverse la frontière doivent accompagner le crédit.

Comme c’était le cas pour cette prétendue dette de l’indépendance, le café est l’un des produits sur lequel compte le gouvernement pour payer la dette du PetroCaribe. Cependant, la production de cette denrée ne cesse de décroître. Le café rapportait beaucoup à l’Etat dans le temps mais ne reçoit rien en retour. Selon des chiffres avancés dans le document stratégique du développement de la filière café, actuellement, les exportations annuelles tournent autour de 10 millions de dollars. Pourtant, elles avoisinaient, au début des années 90, environ 90 millions de dollars. Jusqu’en 1998, les exportations caféières représentaient plus de 50 millions de dollars américains.

Jeanty Gérard Junior/Le Nouvelliste