Les aliments d’origine occidentale : source de maladies cardio-vasculaires

Contrairement aux personnes qui consomment les aliments d’origine occidentale, celles qui mangent les aliments traditionnels, nationaux, présentent moins de risque de développer les maladies cardio-vasculaires, révèle une étude conduite, entre autres, par l’Université de Montréal et la Fondation haïtienne de diabète et de maladies cardio-vasculaires (Fhadimac). Portant sur trois pays, choisis en raison de leur proximité génétique (Haïti, Benin et la population haïtienne migrée au Canada), cette recherche comparative visait à étudier les facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires dans le cadre de la transition nutritionnelle.

Les résultats ont clairement montré que la transition nutritionnelle est à la base d’une augmentation des maladies cardio-vasculaires dans le pays. «Au niveau nutritionnel, on a remarqué que les personnes qui consomment les aliments d’origine occidentale (hamburger, pizza, chips...) présentent de gros risque de développer les maladies cardio-vasculaires. Ceux qui consomment les aliments traditionnels sont protégés contre le risque de développer ces maladies qui attaquent le cœur», a précisé la docteure Collette Vilgrain. L’alimentation traditionnelle semble être protectrice, a commenté la cochercheure avec l’Université de Montréal. Les résultats de cette étude ont aussi démontré qu’en Haïti, les couches les plus aisées économiquement sont les plus à risque de développer les maladies cardio-vasculaires. Car ces dernières consomment davantage les aliments d’origine occidentale. Et l’obésité abdominale est plus fréquente chez cette catégorie. Sans compter qu’elles sont très sédentaires.

Participant au débat dans la foulée de la présentation de l’étude, le Dr Joël Charles voit une épée de Damoclès sur la tête d’Haïti. « Nous sommes en train de nous empoisonner avec tous les « mange pèpè » provenant de l’extérieur que nous consommons», a-t-il expliqué. Selon le généraliste, plusieurs supermarchés dans le pays vendent des produits avariés, des déchets qui empoisonnent notre organisme. « Ce n’est pas sans raison que le cas de certaines pathologies augmentent et de nouvelles surgissent », croit-il. Le président de l’Initiative nationale pour la coordination de l’aide humanitaire (INCAH) exhorte les responsables à prendre leurs responsabilités en accordant plus d’importance à examiner les produits que nous importons. Il dit plaider en faveur de la consommation locale.

Dans la même veine, la Dr Collette Vilgrain encourage la consommation d’aliments traditionnels, tout en recommandant de consommer moins de gras et de diminuer le taux de sucre dans les jus. Par ailleurs, elle appelle à encourager le développement du secteur agricole haïtien. Pour réaliser cette étude, menée en 2008, un échantillon de deux cents personnes a été constitué dans l’aire métropolitaine. Pris en compte que le tabagisme, l’obésité, le manque d’activité physique, l’hypertension artérielle, le diabète et l’hyperlipidémie sont autant de facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires, dans la constitution de cet échantillonnage, les chercheurs ont écarté toute personne souffrant de l’une de ces pathologies.  

Edrid St Juste
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