L’indispensable réforme dans le secteur agricole
Gouvernance/ Agriculture
L’Etat haïtien entend mettre en œuvre un programme pour réformer l’agriculture. Cette réforme institutionnelle du secteur comprend notamment un cadre pour la création d’un registre national des exploitants agricoles, une proposition de politique de consolidation de la dimension recherche du système national d’innovation en agronomie, une stratégie pour la création et l’institutionnalisation au ministère de l’Agriculture d’une cellule de passation de marchés unique. Le Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement rural (MARNDR) entend conformément au cadre général de la politique agricole du gouvernement haïtien, intensifier les efforts et ajuster les méthodes d’intervention pour améliorer la productivité agricole, augmenter la production agricole et garantir des revenus accrus aux exploitants agricoles. Selon un document publié par le ministère de l’Agriculture, l’Etat haïtien cherche particulièrement à développer et à faciliter l’accès des agriculteurs aux services agricoles de proximité, à améliorer le ciblage de ses interventions afin de faciliter les transferts de technologies et l’adoption de pratiques agricoles durables.
L’un des éléments fondamentaux de cette stratégie repose sur la constitution du Registre national des exploitants agricoles (RNEA) dans chaque région agricole qui doit fournir des informations. Une fois obtenues et consignées dans des bases de données, ces informations aideront à identifier les agriculteurs et à leur donner ainsi le statut juridico-légal tout en améliorant l’efficacité, l’efficience et la transparence de la mise en œuvre des politiques publiques du gouvernement en leur faveur. La gestion raisonnable des informations permettront aussi d’orienter les institutions d’aide au développement dans les appuis à donner aux agriculteurs pour améliorer la production agricole. Selon la version préliminaire du document intitulé « Politique de consolidation de la dimension recherche du système national d’innovation en agronomie et développement rural », l’Etat se démène pour renforcer les capacités d’enseignement supérieur et de recherche afin de répondre aux défis du développement d’Haïti. Et, dans cette même démarche, le ministère de l’Agriculture, soutenu par l’ensemble de ses partenaires techniques et financiers, a entrepris de renforcer le système national d’innovation en agronomie et développement rural. Ce système d’innovation, explique le document du ministère haïtien de l’Agriculture, inclut les nombreux opérateurs publics et privés opérant en Haïti. De nombreux éléments de ce système d’innovation sont en place.
Les paysans haïtiens ont montré leur intérêt pour améliorer leurs méthodes de production en intégrant de nouvelles techniques, de nouveaux outils ou de nouveaux savoir-faire. Les auteurs du document disent observer de nombreuses formes d’innovation dans l’accès au financement rural, la vulgarisation ou dans les procédures et techniques de transformation, de transport ou de mise en marché. De nombreuses interactions entre les éléments du système sont encore à mettre en évidence et à consolider. D’autres sont visibles pour l’œil exercé. Cependant, l’expérience montre que la recherche agricole pour le développement rural, un des nœuds actifs des systèmes d’innovation, a été délaissée pendant des années et ne remplit plus son rôle en Haïti. La Coordination nationale pour la sécurité alimentaire (CNSA) estime que l'agriculture est considérée comme un secteur stratégique propre à contribuer à la stabilité sociale, à renforcer la sécurité alimentaire et à faire croître l'économie nationale. Le secteur agricole représente un apport économique important en raison de sa contribution de 25% au produit intérieur brut (PIB).
L'agriculture est pratiquée par plus d'un million exploitants agricoles à travers le pays et constitue la principale source de revenus en milieu rural. 60% environ de la population active s’y adonne et, en 2011, elle a constitué environ 50% de la disponibilité d'aliments. En Haïti, les principaux produits agricoles sont le café, le cacao, le riz, la canne à sucre, le sisal, les pois, le maïs et le sorgho. Aujourd’hui, les principaux produits d'exportation continuent d'être le café, le cacao, le sisal et les fruits (spécialement les mangues). À l'échelle du pays, les cultures alimentaires sont très importantes pour la sécurité alimentaire de la famille et contribuent à remplacer les aliments importés. « Les denrées destinées à l'exportation sont importantes pour la production de devises, la création d'emplois et l'accumulation de recettes monétaires pour les producteurs. De même, l'élevage d’animaux, principalement les bovins, les porcs, les chèvres et la volaille contribuent à l'alimentation de la population et à la création d'emplois dans les régions rurales », lit-on dans « Plan stratégique et programmatique 2014 – 2019…. », un des documents majeurs dans la réforme institutionnelle du secteur agricole haïtien.
Dieudonné Joachim