Voyager en 3D dans les étoiles? Possible dans cinq ans grâce à l’UNIGE

Genève

Par Camille Pagella

L’Observatoire de l’Université de Genève jouera un rôle primordial dans l’analyse des données récoltées par le satellite Gaia qui permettront une cartographie de la Voie lactée en 3D.

La Voie Lactée recèle encore de nombreux mystères pour les scientifiques.

 

La mission spatiale la plus importante de cette fin d’année et encore jamais réalisée en Europe sera lancée jeudi par l’Agence Spatiale Européenne (ESA) en Guyane française. Le satellite Gaia, qui sera envoyé à plus d’un milliard de kilomètres de la terre pendant cinq ans, aura la mission d’observer les étoiles et de récolter des données les concernant. L’observatoire de l’Université de Genève, partie intégrante du projet, aura la tâche d’analyser une partie des données que «Gaia» récoltera.

«Le satellite mesurera la position, l’éclat, la vitesse et la couleur des étoiles, explique Laurent Eyer, chercheur au département d’astronomie de l’Université. A Genève on s’occupera majoritairement de traiter les informations concernant la variabilité de l’éclat et de la brillance des étoiles.» Une donnée qui peut s’avérer primordiale dans l’analyse d’un astre. «L’éclat d’une étoile nous donne des informations sur la nature de celle-ci, et nous permet de savoir dans quelle phase de son évolution elle se trouve», explique le scientifique. Cette seule information implique une dizaine d'instituts différents, que l'Observatoire de l'Université de Genève s'occupera de coordonner.

C’est pour pallier une connaissance «insuffisante» de la Voie lactée que l’ESA travaille depuis la fin des années 90 à la mise sur pied d’une mission spatiale de telle envergure. En effet, le satellite sera muni d’une caméra d’un milliard de pixels et, tournant sur lui-même, étudiera un milliard d’étoiles qu’il observera chacune 70 fois. Un projet encore jamais réalisé en Europe.

Un catalogue des étoiles

L’UNIGE participe ainsi à un programme plus large, composé d’environ 400 scientifiques dans plus de 25 pays, majoritairement européens et sans participation américaine. Ils seront sur le pied de guerre pendant cinq ans pour analyser et traiter toutes les informations transmises par Gaia afin de pouvoir, à terme, établir le «plus grand catalogue des étoiles jamais réalisé». Ce catalogue compilera toutes les données observées et regroupera différentes caractéristiques, «de la couleur à la composition chimique».

Une cartographie de la Voie lactée d’une telle précision sera une première. «On pourra même parler d’un film de la Galaxie, explique Laurent Eyer, les mouvements des étoiles qui auront été observés pendant cinq ans, pourront être retranscrits sur une interface internet, à disposition de tout le monde.» Il faudra cependant attendre 2021 pour voyager en 3D dans les étoiles. (Tribune De Genève)