Des formations pour réduire la violence dans des quartiers difficiles de Port-au-Prince
Dans l’objectif de contribuer à la réduction de la violence dans les quartiers sensibles de la capitale haïtienne, la Section de la Réduction de la Violence Communautaire (RVC) a permis à 100 jeunes d’apprendre une formation professionnelle.
Au Centre de Formation Professionnelle de la Réforme à Clercine, un quartier calme de la capitale haïtienne, l’ambiance est studieuse dans les salles de classes. Les examens finaux auront lieu dans quelques jours. « Au début, les cours n’étaient pas facile, mais maintenant je suis plus que prêt pour les examens », confie Stanley Eugène, un jeune étudiant en plomberie originaire de Delmas, un autre quartier de la capitale.
Ils sont au total 100 jeunes à suivre depuis le 8 juillet dernier des cours dans les filières du bâtiment : maçonnerie, plomberie sanitaire et électricité bâtiment. « Ce cours c’est ce que je cherchais », se réjouit Emmanuel Henry, 28 ans et père de deux enfants qui ajoute que « faute de moyens économique, je n’avais pas pu achever mes deux précédents cours ». Ce jeune de Cité Soleil qui lui aussi a opté pour la plomberie croit que ces cours lui permettront « de se lancer sur le marché du travail ».
Certains sont prêts a beaucoup de sacrifices pour saisir l’opportunité de ces cours gratuits. Comme Vladimir Destinvil, qui habite à Carrefour, à une dizaine de kilomètres de l’école. « Comme les cours commencent à huit heures du matin, je prends le taptap* à 6 heures pour arriver à temps », confie ce jeune de 23 ans qui étudie la construction en bâtiment.
Parmi ces 100 étudiants, 14 sont des femmes. Pour Yveta Charles, 22 ans, « faire la plomberie n’est pas difficile, il suffit de faire les installations, faire le drainage et passer les tuyaux », énumère-t-elle, fière de ses nouvelles connaissances. Dans son quartier, les gens se sont étonnés de la voir en bleu de travail, raconte cette résidente du quartier populaire de Wharf Jérémie, à Cité Soleil. « Certains se moquent de moi, d’autres m’encouragent en disant qu’ils comptent beaucoup sur moi et me promettent de me contacter s’ils trouvent un débouché », sourit-elle.
De son côté Julienne Fontilus, 24 ans et mère d’un enfant, a opté pour l’électricité. Informée par un leader communautaire sur l’offre de ces cours, elle n’a pas hésité une seconde à venir s’inscrire au centre. « Au tout début j’avais des doutes quant à ce choix », se souvient-elle, « mais au fil du temps je m’y adapte et maintenant me voici électricienne !», s’exclame-t-elle.
Confiants en leur bonne étoile, ces jeunes projettent même de travailler en association. « On veut après cette formation garder toujours le contact, voilà pourquoi on s’est échangé de numéros de téléphone », raconte Michelange Etienne, un étudiant en électricité de 25 ans.
Tous issus de communautés vulnérables, ces jeunes ont été sélectionnés par le biais des leaders communautaires ou encore à travers des organisations non-gouvernementales comme Viva Rio.
En vue de les encourager à mieux apprendre, un plat chaud leur est servi du lundi au vendredi et à la fin de la semaine. Leurs frais de déplacement sont aussi couverts, explique l’un des responsables du Centre de Formation Professionnelle de la Réforme (CFPR), Amos César.
Au cours de cette formation d’une durée de six mois, « les jeunes apprentis auront à passer deux examens : un dans l’établissement et un examen d’Etat à l’Institut National de Formation Professionnelle (INFP) », précise-t-il. « Ils réussissent toujours à 80% aux examens de l’INFP ».
Après les examens, les 50 meilleurs étudiants seront placés dans des entreprises pendant 6 mois comme stagiaires avant de se lancer sur le marché du travail. Quant aux 50 autres le centre se chargera de les diriger vers d’autres chantiers pour le stage.
Fondée en 2005, le CFPR travaille en partenariat avec la Section de la Réduction de la Violence Communautaire (RVC) de la MINUSTAH depuis 2006. Avec le financement de la RVC, « plus de 2000 jeunes ont été formés dans ce centre et plusieurs travaillent maintenant dans des ONG », se réjouit Amos César.
Financé par la Mission onusienne à hauteur de 193 500 dollars US, ce projet de formation s’adresse aux jeunes des quartiers sensibles de la capitale haïtienne comme Cité Soleil, Simon Pelé, Bel-Air, Delmas 2, Bois Neuf et Solino.
MINUSTAH/Jonas Laurince