Haïti-Politique : Le retour de Desras au sénat, objet d’avis divergents

Le retour sur le devant de la scène politique de l’élu du Plateau central, Simon Dieuseul Desras, qui entend continuer à occuper un siège au sénat après la fin du mandat d’un deuxième tiers des sénateurs, est l’objet d’avis divergents.

Muni d’une ordonnance, Desras s’est fait accompagner du juge de paix Fred Marie Legerme, le mercredi 11 février, pour signifier au Senat que son mandat n’a pas pris fin.

Selon l’ordonnance du tribunal de première instance de Port-au-Prince, la justice, « en attendant une décision définitive de l’instance compétente, ordonne à l’Etat Haïtien d’instruire les services publics en général et le bureau du chef du protocole du Palais national en particulier d’enlever l’épithète de l’ex-sénateur attachée improprement au Sénateur Simon Dieuseul Desras qui doit jouir des prérogatives et privilèges liés à son rang et à sa fonction ».

Le concerné explique qu’après la fin du mandat d’un deuxième tiers des sénateurs le 11 janvier dernier, il avait reçu une lettre de la présidence le désignant comme « ex-sénateur ».

Il soutien que son mandat est toujours en cours et prendra fin en 2017, suivant ce que mentionne le badge de sénateur qui lui a été délivré suite aux élections de 2011.

Jusqu’alors, Desras occupait la fonction de président du sénat. Le sénateur Andris Riché, de la Grand’Anse, remplit actuellement cette fonction suite à une disposition prise par les 10 sénateurs qui restaient en poste après le 11 janvier.

Le coordonateur général de l’Organisation du peuple en lute (Opl), Sauveur Pierre Etienne, qualifie d’enfantillage politique le comportement du Sénateur Desras.

Il estime qu’il y a un problème dans le pays, celui de l’absence d’hommes et de femmes d’Etat.

Pierre Etienne soutient, qu’arrivé au parlement, Simon Dieuseul Desras a travaillé dans l’esprit d’un mandat de quatre ans et non de six comme il le réclame à présent.

« Nous avons des hommes qui ne sont pas à la hauteur des responsabilités que des citoyens et citoyennes leur avaient confiées. Ils peuvent ne pas être des acteurs, mais des pantins, des marionnettes. Ils peuvent faire de sales boulots sans qu’ils en sachent la finalité », regrette le Sauveur Pierre Etienne.

« Alors que nous sommes en 2015, les femmes et les hommes politiques du pays, qui devraient être des femmes et des hommes d’Etat, ne devraient pas offrir ce type de spectacle. S’ils jouent un jeu, il faut qu’ils disent au profit de quel secteur. C’est sûr que ce n’est pas au profit d’Haïti », tempête-t-il.

Par contre, le secrétaire exécutif de la plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh), Antonal Mortimé, estime que « si un juge qui siège en référé dit que son mandat n’est pas encore terminé, il [Desras] a le droit de revenir. Car, personne n’est au-dessus de la loi, pas même le président de la république.

Quand la justice prend une décision, tout le monde doit s’y plier. Cela veut dire que le parlement ainsi que le pouvoir exécutif doivent s’incliner devant la décision qui a été prise par le pouvoir judiciaire ».

« Du point de vue administratif, le fait qu’il avait remis les matériels qui étaient à sa disposition, démontre qu’il se respecte. Etant donné que la justice haïtienne avait tranché, il doit jouir de ses prérogatives constitutionnelles. Il peut même aller plus loin en demandant des dédommagements pour les préjudices qu’il a subies comme individu », soutient Antonal Mortimé.

 

Par ailleurs, le retour de Desras a soulevé la question de la présidence du Senat. Le sénateur de la Grand’Anse, Andris Riché, suite à une séance organisée, il y a quelques semaines, a été élu président par les sénateurs restants. Il a affirmé à des journalistes qu’il n’entendait pas céder sa place à son prédécesseur.

Alterpresse