Mapou-Haiti.- La leçon de Mandela.
La RD
La RD se mettrait-elle au ban des pays démocratiques ?
La leçon de Mandela.
Par : Robert Paret
La mort de Mandela tombe comme un couperet pour sanctionner la décision de la Cour constitutionnelle de la RD. Décision anticonstitutionnelle et qui, de plus, va à l’encontre des prescrits de la charte fondamentale des Nations-Unis relative aux droits de l’homme.
Le monde entier rend hommage cette semaine à un grand homme, l’un des plus grands que la planète ait porté. Il rejoint dans le firmament des immortels deux icônes de la liberté qui l’ont précédé : Le Mahatma Gandhi et Martin Luther King. Des êtres d’exception qui ont chacun, à leur façon, marqué l’histoire de l’humanité de leurs luttes en faveur de la dignité de l’homme, au delà de toutes considérations de race, de religion ou d’idéologie. Quoique d’origines différentes, ils se reconnaissent tous dans les mêmes principes: la détermination dans l’engagement, l’abnégation de soi et la préservation des idéaux. Rares sont les hommes qui ont pu atteindre un tel summum. Des élus de Dieu, diront certains sages. Pour ces raisons, l’humanité leur doit un tribut de reconnaissance. Nous autres haïtiens, connaissons le prix de la liberté. Elle ne s’obtient qu’au bout de lourds sacrifices. Comme nous l’ont enseigné nos ancêtres.
C’est en signe d’attachement et de respect aux valeurs universelles que des milliers d’hommes et de femmes, de chefs d’Etat et de gouvernement, de monarques et autres dignitaires de divers pays, s’étaient rassemblés au stade de Johannesburg pour rendre un dernier hommage à l’un de ces élus, en la personne de Nelson Mandela. Premier président noir Sud-Africain de l’ère démocratique dont la mort a endeuillé le monde.
La planète entière a été unanime à reconnaitre que sa vie a été un modèle, en dépit des nombreuses épreuves qu’il eut à endurer. Même la privation de liberté durant 27 ans d’incarcération et les conditions de paria imposées par ses bourreaux ne sont arrivées à infléchir sa volonté. Par une force de caractère peu commune, il réussit à transcender toutes les épreuves jusqu’à concrétiser ses rêves de liberté pour son peuple. La mission reviendra aux jeunes générations de Sud-Africains de les préserver et les pérenniser. Tout ce parcours, il l’a réalisé avec fermeté, dans la sérénité, sans haine ni vengeance, préférant prioriser le pardon et la réconciliation, même au profit de ses pires ennemis.
C’est cet esprit de conciliation qui a fait l’unanimité autour de sa personne et qui a permis que les plus grands de ce monde se retrouvent autour de sa bière. Dans cette atmosphère de recueillement, le magnétisme que dégageait ce corps inerte était si puissant qu’il fît rejaillir un climat de paix dans l’assemblée, au point de favoriser le rapprochement de certaines personnalités connues pour leur opposition idéologique ou politique et qu’on croyait inconciliables. L’histoire retiendra cette inattendue poignée de main du président américain Barak Obama au président cubain Raúl Castro. Et dans une conjoncture surprenante, on nota la prise de parole de deux adversaires intraitables en politique que sont : l’ex président français, François Sarkozy et l’actuel président, François Hollande. C’est cet aspect accommodant de sa personnalité qui reflétait un grand humanisme et qui a fait de lui un grand rassembleur, doué d’un sens inné de la négociation et du compromis. C’est cette qualité qui lui a permis de se distinguer plus d’une fois lors de forums internationaux, ou à l’ONU. Ce sont tous ces atouts rassemblés en un seul homme qui ont façonné ce géant qu’il est devenu.
Les luttes qu’il avait menées sans relâche contre la discrimination, la ségrégation et le racisme dans son propre pays, étaient pareilles à celles entreprises par le Mahatma Gandhi et Martin Luther King dans le leur. Par le courage et la détermination de ces illustres personnages le monde a pu redresser des torts et faire avancer la cause de l’humanité.
Malheureusement dans d’autres pays ces entraves à la dignité de l’homme que l’on pensait dépassées, sont encore présentes. C’est le cas chez nos proches voisins dominicains. Par l’adoption d’un arrêt inique et discriminatoire, la République dominicaine vient de se détourner des principes de justice et d’ethnique. Cette attitude risque de la mettre au ban des Etats démocratiques. Rejoignant ainsi la tendance xénophobe et raciste qui tend à se développer dans certains pays européens. Car sous l’instigation de forces réactionnaires et ultranationalistes le gouvernement PLD, sous la dictée du Conseil constitutionnel de la République, vient de prendre des mesures de dénationalisation d’une catégorie de citoyens de son propre pays. Mesures infâmes qui s’apparentent au rejet des juifs allemands par les nazis hitlériens. De ce fait, le régime Rejoint la tendance raciste du PN de Marine Lepen qui, récemment, incitait les actuels dirigeants dominicains à expulser du territoire national tous les immigrants haïtiens.
La mort de Mandela tombe comme un couperet pour sanctionner cette décision de la Cour constitutionnelle de la RD. Décision anticonstitutionnelle et qui, de plus, va à l’encontre des prescrits de la charte fondamentale des Nations-Unis relative aux droits de l’homme. En regard des principes que défendait ce grand leader, on peut dire sans ambages: « La République dominicaine bafoue l’héritage de Mandela. » De là on peut mieux comprendre l’attitude du gouvernement dominicain qui a eu un profil très bas lors de la cérémonie du souvenir en l’honneur de Madiba, en se faisant représenter par une pâle délégation, sans la participation du président Medina. Le parterre constitué d’une centaine de chefs d’Etat a du sans nulle doute noter cette absence. Le mandataire dominicain se sentirait-il inconfortable face à un homme qui avait, durant toute sa vie, combattu l’apartheid ? La perception de raciste dont il pourrait être victime ne saurait, tout de même, s’étendre à toute la population dominicaine. Car, les nouvelles qui nous parviennent de l’autre côté de la frontière nous font croire que cette campagne est menée par un groupe restreint d’extrémistes encouragés par le parti PLD actuellement au pouvoir. En pareille circonstance, nous souhaitons que la raison l’emporte sur l’entêtement et que les deux peuples puissent retrouver une certaine sérénité et jouir pleinement de leur liberté.
En Haïti, nos hommes politiques auraient intérêt à approfondir cette riche expérience pour en tirer le meilleur profit. Les leçons que nous a léguées ce grand leader sont multiples et enrichissantes. Ce qui a retenu le plus l’attention dans son militantisme en faveur des droits de l’homme sont : cet engagement et cette persévérance dans l’action. Surtout lorsque ces notions s’appuyaient sur une profonde conviction. C’est cet entêtement qui, d’ailleurs, lui a valu cette longue réclusion de 27 ans et, comme pour défier le temps, la victoire au bout du chemin.
De tout cela, on peut déduire que l’action politique ne peut être l’expression d’une émotion mal canalisée ou d’une improvisation inconsidérée, comme cela se pratique depuis des années chez nous, de quelque bord que se soit. D’où l’échec de multiples expériences, menées par divers partis politiques : de gauche comme de droite, populistes ou démagogues.
Pèlerin, décembre 2013
paretrobert@yahoo.fr